Французский с любовью. Тристан и Изольда / Le roman de Tristan et Iseut - стр. 19
Ce jour-là, Tristan et le roi chassaient au loin, et Tristan ne connut pas ce crime. Iseut fit venir deux serfs, leur promit la franchise et soixante besants d’or, s’ils juraient de faire sa volonté. Ils firent le serment. « Je vous donnerai donc, dit-elle, une jeune fille ; vous l’emmènerez dans la forêt, loin ou près, mais en tel lieu que nul ne découvre jamais l’aventure ; là, vous la tuerez et me rapporterez sa langue. Retenez, pour me les répéter, les paroles qu’elle aura dites. Allez ; à votre retour, vous serez des hommes affranchis et riches ».
Puis elle appela Brangien : « Amie, tu vois comme mon corps languit et souffre ; n’iras-tu pas chercher dans la forêt les plantes qui conviennent à ce mal ? Deux serfs sont là, qui te conduiront ; ils savent où croissent les herbes efficaces. Suis-les donc ; sœur, sache-le bien, si je t’envoie à la forêt, c’est qu’il y va de mon repos et de ma vie ! » Les serfs l’emmenèrent. Venue au bois, elle voulut s’arrêter, car les plantes salutaires croissaient autour d’elle en suffisance. Mais ils l’entraînèrent plus loin : « Viens, jeune fille, ce n’est pas ici le lieu convenable. » L’un des serfs marchait devant elle, son compagnon la suivait. Plus de sentier frayé, mais des ronces, des épines et des chardons emmêlés.