a été représenté par Anna Comnène comme une «icône vivante» (als lebende Ikone)
[11]. Cependant, A. Yu. Mitrofanov prouve que malgré le désir d’Anna Comnène d’écrire une biographie élogieuse de son père, en réalité, l’«Alexiade» a largement dépassé le cadre de genre du panégyrique et elle est devenu un miroir de l’époque, dont le sort a largement déterminé le règne de l’empereur Alexis I
>er. Anna Comnène a écrit l’«Alexiade» trente ans après la mort de son père et de la tentative infructueuse d’un coup d’état du palais, qui a conduit Anna Comnène à l’exil honorable dans le monastère de la Très Sainte Théotokos de Grâce «Kecharitomene». La princesse a écrit l’«Alexiade» pendant le règne turbulent de son neveu, l’empereur Manuel I
>er Comnène (1143–1180), qui a essayé de transformer l’Empire Byzantin dans un hégémon militaire et politique, comme l’était l’Empire Byzantin à l’époque de l’empereur Justinien I
>er le Grand (527–565) et de l’empereur Basile II le Bulgaroctone (976–1025), au prix d’efforts incroyables. D’après A. Yu. Mitrofanov l‘«Alexiade», écrite par Anne Comnène vers 1146–1148, était une sorte de testament politique à son neveu auguste et en même temps un manifeste d’opposition, qui était dirigé contre sa politique pro-latine. D’après A. Yu. Mitrofanov c’est la combinaison de biographie, de chronique historique et de manifeste politique actuel qui a fait l’«Alexiade» d’Anne Comnène le livre que Karl Krumbacher a appelé à juste titre «le meilleur travail historique que le Moyen Âge nous a laissé»
[12]. Comme A. Yu. Mitrofanov mentionne, les certaines des intrigues de la cour, décrites par Anne Comnène, en particulier les relations amoureuses de l’impératrice Maria d’Alania et Alexis Comnène, trouvent des parallèles dans l’ouvrage du poète seldjoukide Fakhruddin Gurgani (XI
>me siècle), qui a écrit en persan, et d’après l’opinion de V. F. Minorsky qui s’est appuyé sur le roman chevaleresque parthe perdu
[13].
Comme A. Yu. Mitrofanov montre, Anne Comnène, en tant que mémorialiste et contemporaine, a créé non seulement une galerie des portraits des représentants éminents des dynasties impériales byzantines, tels que son père – l’empereur Alexis Comnène, sa mère – l’impératrice Irene Dukena, sa grandmère – Anna Dalassena, sa belle-mère fiancée – l’impératrice Maria d’Alania, mais, en tant qu’historienne, elle a décrit un certain nombre des problèmes ethnographiques et politiques, avec lesquels l’Empire Byzantin a été confronté à la fin du XI>me siècle. L’un de ces problèmes a été la naissance du pouvoir des Grands Seldjoukides, qui ont conquis sous l’étenard («Bunchuk») des sultans Togrul-bey (1038–1063), Alp-Arslan (1063–1072) et Malik Shah (1072–1092) Khorasan, l’Iran et les vastes zones de la Méditerranée à Kashgaria, du Caucase au Yémen. Bien que le résultat des conquêtes des Seldjoukides ait été l’apparence des Seldjoukides dans l’Asie Mineure Byzantine et la conquête rapide de la péninsule, cependant, les querelles entre le Grand Sultan Malik Shah et les Seldjoukides anatoliens ont poussé l’empereur Alexis Comnène vers l’alliance avec Malik Shah contre le Sultanat de Rumia. De plus, Alexis Comnène avait déjà utilisé l’aide des Seldjoukides pendant la guerre contre Roussel de Bailleul – un chevalier normand rebelle qui avait essayé de créer sa propre principauté sur les territoires de l’ancien thème byzantin «Arméniaques» en 1074.