Русский модернизм и его наследие: Коллективная монография в честь 70-летия Н. А. Богомолова - стр. 36
Если предположить, что грязный черновик французского текста мог быть не переводом с русского на французский (как мы полагали), а наброском письменного пересказа французского текста, в духе тех изложений, которые практиковались на языковых уроках в третьей гимназии, то его источник мог находиться среди указанных «narrations».
Сокращенная запись учебного пособия расшифровывается как издание: Narrations et exercices de mémoire en prose et en verse ou Choix de morceaux propres a faciliter l’étude pratique de la langue française / Par H. Demmenie et J. Levrier111. И в этой хрестоматии, на с. 118–120, была обнаружена та самая новелла, под названием «Le chef-d’œuvre anonyme», которую пятиклассник Мережковский выбрал для французского изложения. Приведем текст новеллы, чтобы восстановить сюжет недописанной драмы о Рубенсе.
Un jour, Rubens, parcourant les environs de Madrid, entra dans un couvent de règle fort austère, et remarqua, non sans surprise, dans le chœur pauvre et humble du monastère, un tableau qui révélait le talent le plus sublime. Cette peinture représentait la mort d’un moine. Rubens appela ses élèves, leur montra le tableau, et tous partagèrent son admiration.
«Et quel peut être l’auteur de cette œuvre?» – demanda Van Dyck, l’élève favori de Rubens.
«Un nom était écrit au bas du tableau, mais on l’a soigneusement efface», – répondit Van Thulden.
Rubens fit engager le prieur à venir lui parler, et demanda au vieux moine le nom de l’artiste auquel il devait son admiration.
«Le peintre n’est plus de ce monde».
«Mort! s’écria Rubens. Mort!.. Et personne ne l’a connu jusqu’ici, personne n’a redit, avec admiration, son nom qui devait être immortel; son nom devant lequel s’effacerait peut-être le mien! Et pourtant, ajouta l’artiste avec un noble orgueil, pourtant, mon père, je suis Paul Rubens».
A ce nom, le visage pâle du prieur s’anima d’une chaleur inconnue. Ses yeux étincelèrent et il attacha sur Rubens des regards où se révélait plus que de la curiosité; mais cette exaltation ne dura qu’un moment. Le moine baissa les yeux, croisa sur sa poitrine les bras qu’il avait élevés vers le ciel dans un moment d’enthousiasme, et il répéta:
«L’artiste n’est plus de ce monde».
«Son nom, mon père, son nom, que je puisse l’apprendre à l’univers, que je puisse lui donner la gloire qui lui est due!» Et Rubens, Van Dyck, Jacques Jordaens, Van Thulden, ses élèves, j’allais presque dire ses rivaux, entouraient le prieur et le suppliaient instamment de leur nommer l’auteur de ce tableau.