О Лермонтове: Работы разных лет - стр. 84
Piatigorsk, le 17 Juillet 1841
Madame Grabbe est établie à Kisslovodsk depuis le 11 de ce mois. Je l’ai quitté le 12 et je suis revenu ici pour continuer mon traitement. Elle est très contente de la maison de Printz et paroissoit être plus calme. Hier les docteurs Normann et Roger ont été la voir et m’ont dit qu’elle a commencé à prendre des bains et qu’elle fait de très longues promenades.
Vous verrez, mon Général, par le доклад ci-joint les dispositions de l’Etat major pour l’aprovisionement du détachement de Nazran et la négligeance impardonnable de la commission et de Mm. Широков et Нестеров. Le Major Сердаковский est arrivé ici le 15 de ce mois de Wladikawkase et m’a dit qu’il avoit rencontré en route beaucoup de transports avec des vivres. Je l’ai pourtant envoyé à Stavropol pour secouer vigoureusement la commission et dès qu’il reviendra ici j’aurai l’honneur de Vous présenter mon opinion sur ce qu’il faudrait faire pour la mettre à la raison.
Vous apprendrez par le rapport ci-joint du commendant du Piatigorsk une malheureuse et desagréable histoire arrivée ici avant hier. Lermantow a été tué en duel avec Мартынов, l’excosaque du reg>f de Grebenskoi. Les témoins ont été Gléboff de la garde à cheval et le P>ce Wassiltschikoff un des noveaux législateurs de la Géorgie. On n’a appris la cause de leur querelle qu’après le duel; quelques heures avant on les a vu ensemble et personne ne s’est douté qu’ils alloient se battre. Lermantow se moquoit depuis longtems de Мартынов et faisoit circuler des caricatures à l’instar de celles de Mr. Mayeux, sur le costume ridicule de Мартынов, qui s’habilloit en circassien avec un long poignard et l’avoit surnommé Mr. Poignard du Mont Sauvage. A une soirée chez les Werziline il s’est moqué de Мартынов devant les dames. En sortant Мартынов lui a dit qu’il le ferait taire; Lermontow lui a répondu qu’il ne craignoit pas ses menaces et qu’il étoit prêt à lui rendre raison s’il se croyoit offensé. La-dessus cartel de la part de Мартынов, et les témoins qu’ils ont choisi n’ont pas pu arranger l’affaire malgré toutes les peines qu’ils se sont donnés; ils alloient se battre sans témoins. Leur animosité fait croire qu’ils ont eu d’autres griefs mutuels. Ils se sont battus à la barrière qui de 15 pas convenus a été allongé par les témoins jusqu’à 20 pas. Lermantow avoit dit qu’il ne tirerait pas et qu’il attendrait le coup de Мартынов. Ils sont arrivés à la barrière en même tems; Мартынов a tiré le premier et Lermantow est tombé. La balle avoit traversé le corps du coté droit au coté gauche et avoit percé le coeur. Il n’a vécu que 5 minutes et n’a pas pu proférer une seule parole.