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«Грустный ветер» и другие стихотворения. Перевод Елены Айзенштейн - стр. 5
Лазурны только фиалки глаз твоих милых,
И весну смешит цвет твоих щёк!
À trois Paysagistes
Salon de 1839
C’est un bonheur pour nous – hommes de la critique,
Qui, le collier au cou, comme l’esclave antique,
Sans trêve et sans repos, dans le moulin banal
Tournons aveuglément la meule du journal,
Et qui vivons perdus dans un désert de plâtre,
N’ayant d’autre soleil qu’un lustre de théâtre —
Qu’un grand paysagiste, un poète inspiré,
Au feuillage abondant, au beau ciel azuré,
Déchire d’un rayon la nuit qui nous inonde
Et nous fasse un portrait de la beauté du monde,
Pour nous montrer qu’il est encor loin des cités,
Malgré les feuilletons, de sévères beautés
Que du livre de Dieu la main de l’homme efface;
De l’air, de l’eau, du ciel, des arbres, de l’espace,
Et des prés de velours, qu’avril étoile encor
De paillettes d’argent et d’étincelles d’or.
– Enfants déshérités, hélas! sans la peinture,
Nous pourrions oublier notre mère Nature;
Nous pourrions, assourdis du vain bourdonnement
Que fait la presse autour de tout événement,
Le cœur envenimé de futiles querelles,
Perdre le saint amour des choses éternelles,
Et ne plus rien comprendre à l’antique beauté,
À la forme, manteau sur le monde jeté,
Comme autour d’une vierge une souple tunique,
Ne voilant qu’à demi sa nudité pudique!
Merci donc, ô vous tous, artistes souverains!
Amants des chênes verts et des rouges terrains,
Que Rome voit errer dans sa morne campagne,
Dessinant un arbuste, un profil de montagne,
Et qui nous rapportez la vie et le soleil
Dans vos toiles qu’échauffe un beau reflet vermeil!
Sans sortir, avec vous nous faisons des voyages,
Nous errons, à Paris, dans mille paysages;
Nous nageons dans les flots de l’immuable azur,
Et vos tableaux, faisant une trouée au mur,
Sont pour nous comme autant de fenêtres ouvertes
Par où nous regardons les grandes plaines vertes,
Les moissons d’or, le bois que l’automne a jauni,
Les horizons sans borne et le ciel infini!
Ainsi nous vous voyons, austères solitudes
Où l’âme endort sa peine et inquiétudes,
Grottes de Cervara, que d’un pinceau certain
Creusa profondément le sévère Bertin.
Ainsi nous vous voyons avec vos blocs rougeâtres
Aux flancs tout lézardés, où les chèvres des pâtres
Se pendent à midi sous le soleil ardent
Sans trouver un bourgeon à ronger de la dent;
Avec votre chemin poudroyant de lumière,
De son ruban crayeux rayant le sol de pierre,
Bien rarement foulé par le talon humain,
Et se perdant au fond parmi le champ romain.
– Les grands arbres fluets, au feuillé sobre et rare,
À peine noircissant leurs pieds d’une ombre avare,
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